kadni |

hypocrisie indifférente ¤ Que ses beaux yeux qui semblent gris sous les lumières lunaires vous donnent d'elle un air angélique, que sa froide impassibilité vous donnent d'elle un air maléfique, Kadni n'y attache d'importance quelconque. Que vous soyez le roi ou un esclave, que vous l'attaquiez ou la séduisez, ce sera toujours cette indifférence inexpressive qui cache si bien son mépris au monde entier. Hors-la-loi ou garde royal, on se rendra bien compte qu'il ne suffit pas d'avoir l'estime publique en sa faveur pour donner à ses yeux le moindre sentiment de respect de sa part. Ces jolies courbettes, le strict minimum pour ne pas se faire remarquer, qu'elle donnera à ses supérieurs ne sont que des mensonges, les mensonges d'une hypocrite qui cache son dédain permanent pour chaque individu de sa propre race. Kadni méprise les mâles, Kadni méprise les impulsifs, Kadni méprise les nobles, Kadni méprise chaque être vivant qu'elle peut rencontrer, et pourtant, si la femelle venait à s'attacher à quelqu'un comme elle a pu s'attacher à son frère, sachez simplement que si sa loyauté est indéfectible, sa confiance ne l'est pas toujours.

méfiance calculatrice ¤ Ce n'est pas elle qui se fera prendre au piège, pas aussi facilement. Ce n'est pas elle que vous surprendrez à agir sur des impulsions irréfléchies. Kadni prend son temps, pour penser, pour prévoir, pour songer à chaque éventualité. Kadni n'est pas de ceux qui se font surprendre aussi aisément, et même s'il en advenait, elle se décorerai simplement d'un sourire sans joie puis chercherai avec ardeur le moyen de reprendre le contrôle. Car si l'espionne semble n'avoir jamais qu'un avis neutre, il serai traître de se fier à lui comme jugement objectif. Là où son frère est celui qui privilégierai coups d'Etat et déclarations enflammées, Kadni est vicieuse, subtile, manipulatrice, pour parvenir à ses desseins. Mais plus que tout, Kadni est rancunière. Très rancunière. Et il n'est jamais bon, face à un tel être, de mettre sa vie sur le pari qu'elle ne saura se peindre un air assez trompeur pour convaincre qui elle a à convaincre et assouvir sa sanglante vengeance.

adrénaline ¤ Aussi prudente, aussi méticuleuse qu'est l'espionne, ce n'est pas pour rien qu'elle a choisi cette caste si dangereuse. Ce n'est pas juste par amour fraternel qu'elle a voulu suivre Reith dans ses dangereux projets. Kadni aime le danger, Kadni aime les casse-têtes politiques que représentent les ambitions des uns et des autres, les traîtrises, les fidélités, les mensonges. Tout n'est pas si égalitaire que ça le paraîtrai avec un unique couple royal. Elle aime savoir des secrets que les autres ne connaissent pas, elle aime se sentir puissante, décisive. Se sentir en situation délicate, se sentir menacée, devoir réfléchir pour se sortir de magouilles louches. Il n'y a qu'ainsi que Kadni se sent vivante, entière. Pas juste cet être incomplet, tout juste rempli de mépris et de dédain, tel qu'elle se montre aux autres.

Trois louveteaux; deux femelles, un mâle. Dernier héritage d'un père mort des crocs des hors-la-loi, rejetons d'une mère brisée qui aima pourtant profondément ses petits.

Très vite, si Reith, le mâle, se distingua de son caractère bagarreur et impulsif, Kadni s'affirma sa seconde. A eux deux, ils menèrent leur petite troupe de louveteaux, chefs en titre des jeunes de leur génération, parfois même plus âgés. L'éducation pacifiste des nourrices ne suffit pas à calmer les ardeurs du jeune mâle, qui espérait lui bien plus qu'être simple membre de ce clan calme et non-violent. La troisième, Neili, était du lot qui se soumettait aux idées de jeux et d'explorations qu'il leur imposait, calme et soumise qu'elle était.

Ils grandirent ainsi, jusqu'à être en âge de décider de leur propre chef ce qu'ils deviendrai. Neili se qualifia en tant que nourrice, incapable d'en être autrement, gardienne, guerrière ou espionne. Reith devint guerrier, et Kadni espionne. Le temps passa, un temps où Reith rongeai son frein en cherchant un moyen d'atteindre la meute royale, comme il l'avait toujours rêvé; sa soeur lui en donna l'occasion, contre la promesse qu'il se battrait pour l'y faire entrer avec elle. Espionne douée, manipulatrice enjôleuse, elle manigança et modifia tant l'histoire qu'elle permit à son frère de sauver un louveteau noble des crocs d'un solitaire qui semblait avoir contre sa famille une certaine rancune, et qui avait lui-même cherché à l'attirer au dehors des remparts pour lui laisser quelques souvenirs de lui.

Les parents du louvard - nobles également, évidemment -, par reconnaissance, furent bien plus enclins que sans cet événement à présenter la chose au couple royal, et celui-ci, bien plus ouvert à la proposition. Le malheur des uns fait le bonheur des autres... On accepta Reith et sa soeur dans l'enceinte des remparts, en tant que simples membres, avant de juger de leurs talents respectifs. Le jeune mâle fit jouer ses muscles pour démontrer son talent au combat, défendant le château avec ardeur, tant et si bien que la plupart des habitants ne virent plus vraiment la différence entre lui et n'importe quel membre de la meute royale natif de celle-ci. Il fut nommé garde royal au terme de ses efforts, et non sans fierté, remplit ce rôle avec encore plus d'acharnement, visant plus haut, bien plus haut.

Kadni, elle, ne souhaitait pas non plus rester simple membre. Sous le témoignage du bêta de la meute de l'Est - un vieux pacifiste bougon qu'elle n'avait jamais apprécié - elle gagna peu avant son frère le rang d'espionne. Un rang parfait pour la promesse qu'elle avait faite à Reith de l'aider dans sa quête de pouvoir.